mercredi 27 décembre 2017

Les m’as-tu-vu de la protection animale


Charles Danten

En pleine démonstration de ses grandes qualités 
humaines, BB fait son cinéma... noblesse oblige.
Les éthiciens, les juristes et les avocats spécialisés en droit animal, les adeptes du véganisme de même que les groupes animalitaires comme la Fondation Brigitte Bardot, voire les groupes écologiques comme Greenpeace et le Fonds mondial pour la nature (WWF), tous en théorie sympathiques à la cause des animaux et de la nature sont, paradoxalement, les défenseurs et les promoteurs les plus ardents du statu quo.

De fait, selon l’ethnologue, Sergio Dalla Bernardina, « l’action des militants animalitaires est éminemment symbolique; ce qui semble être une quête d’innocence est dans les faits une comédie de l’innocence répondant à des ambitions purement égocentriques ».

Cette machination culturelle sert notamment à résoudre les tensions morales suscitées par notre style de vie en cultivant l’illusion qu’un changement est imminent. En échange, les m’as-tu-vu de la protection animale, qui ne sont, en d'autres mots, que les idiots utiles du système, y gagnent en estime de soi — et la société aussi, car ce sont ses émissaires — dans l’esprit de ce texte de Friedrich Nietzsche extrait de L’Antéchrist :

Lorsqu’on est chargé de tâches sacrées, comme d’amender, de sauver, de racheter les hommes, lorsqu’on abrite la divinité dans sa poitrine, lorsqu’on est le porte-parole d’impératifs de l’au-delà, du seul fait de cette mission, on se trouve d’emblée hors des évaluations purement intellectuelles, soi-même déjà presque sanctifié par cette mission, soi-même déjà l’archétype d’un ordre supérieur !

Ainsi, l’enjeu est moins le changement que l’espoir du changement avec les bonnes émotions qu’ils suscitent à petits prix. Les cyniques du XVIIe siècle comme La Rochefoucauld étaient fort conscients de cette ruse culturelle qu’ils définissaient comme « l’hommage que le vice paie à la vertu ».

Ce fossé entre les apparences et la réalité passe en général inaperçu, car dans notre culture, la cruauté, la violence et la volonté de puissance sont généralement dissociées des bonnes intentions et des bons sentiments. L’exploitation des animaux de compagnie, par exemple, une forme d'exploitation pourtant plus cruelle que les autres par son hypocrisie et sa sophistication est bien perçue précisément parce qu’elle se cache derrière le masque trompeur de l'amour et de la compassion.


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Dans cet esprit voir aussi en anglais : 

Krishnamurti, the Compassionate Face of Animal Cruelty

How PETA Sold Out to the Pet Industry