samedi 8 janvier 2022

Recension du livre de Youssef Hindi, Covidisme et messianisme


La grille de lecture « messianique » de l’historien et politologue Youssef Hindi bouleverse l’interprétation officielle de la pandémie COVID-19 qui n’est plus selon son analyse une simple crise sanitaire, mais un moyen d’accélérer la rédemption du peuple juif et la restauration de son paradis terrestre, ce fameux jardin d’Eden où « toutes les créatures seront réconciliées ; le loup habitera avec la brebis, le tigre reposera avec le chevreau ; veau, lionceau, bélier vivront ensemble et un jeune enfant les conduira ». 

Pour réaliser l'utopie du peuple prétendument choisi par Dieu pour dominer la Terre, il faut détruire tout ce qui fait obstacle à sa rédemption et à la venue de son messie : les frontières, la nation, la patrie, l’ordre, la loi, la famille, le patriarcat, le sexe biologique, la diversité ethnique et raciale que la nature a créés, les particularismes locaux, la moralité et la spiritualité, le droit à la propriété, le protectionnisme économique, social et culturel, tout, absolument tout.

Le Nouvel ordre mondial, la gouvernance mondiale, l'Agenda 2030 et la grande remise à zéro (Great Reset) de l’économiste Klaus Schwab de la famille politique des Rothschild, le mentor des « Young Leaders » Justin Trudeau et Emmanuel Macron, s’inscrivent dans cette utopie messianique. Ainsi, dans l’imaginaire des messianistes, la fausse crise climatique et la pandémie du COVID-19, dont la gravité a été massivement exagérée, servent surtout à détruire l’Ancien monde afin de « reconstruire en mieux » ou en anglais Build Back Better, la version actualisée du messianisme actif.

L'Organisation des nations unis, elle-même une émanation du messianisme actif, est un instrument essentiel de ce projet messianique. Son rôle n’est pas d’unir les nations, mais de les détruire à l’aide de divers manipulations psychologiques qui n’ont qu’une seule fonction : faire peur aux peuples afin de les inciter à obéir selon la stratégie du choc et de l’effroi clairement décrite par Naomi Klein dans son livre à succès, La stratégie du choc :

[…] le désastre déclencheur — le coup d’État, l’attentat terroriste, l’effondrement des marchés, la guerre, le tsunami, l’ouragan, [la pandémie], [la crise climatique] — plonge la population dans un état de choc collectif. Le sifflement des bombes, les échos de la terreur et les vents rugissants, [la fonte des glaciers], [le nombre de morts dans les hospices ainsi que le nombre de faux tests +], « assouplissent » les sociétés, un peu comme la musique tonitruante et les coups dans les prisons où se pratique la torture. À l’instar du prisonnier terrorisé qui trahit ses camarades et renie sa foi, les sociétés en état de choc abandonnent des droits que, dans d’autres circonstances, elles auraient jalousement défendus. 

C’est l’aspect central de ce livre étonnant sur la signification économique, religieuse et anthropologique du covidisme. Mais il en existe plusieurs autres aussi surprenants : le cannibalisme social prôné par J. Attali ; la perte d’une religion structurante qui agissait comme antidote au messianisme actif, ce poison mortel qui ronge l'humanité depuis au moins la Révolution cromwellienne du 17e siècle ; la consommation vs la consumation ; la ruine économique des classes moyennes et le sacrifice rituel des peuples par l’injection d’un produit toxique fait pour les tuer ou pour altérer leur fécondité, une politique malthusienne scrupuleusement étayée par le groupe d'étude sur le covidisme de l'avocat allemand Reiner Fuellmich.

Youssef Hindi

Covidisme et messianisme. Tyrannie sanitaire, crise religieuse et sacrifice

KA’Éditions et Stratégika

2021

211 pages.